Donald Trump a bloqué lundi la fusion entre les fabricants de microprocesseurs Broadcom et Qualcomm, affirmant qu'elle portait atteinte à la sécurité nationale des États-Unis.
Le président américain a pris un décret en ce sens sur la base des recommandations du Comité américain sur les investissements étrangers (CFIUS) qui avait décidé début mars d'examiner ce rapprochement après avoir été saisi par Qualcomm qui s'opposait aux ambitions du rival.
"L'acquéreur (Broadcom) et Qualcomm doivent renoncer immédiatement et définitivement au projet d'acquisition", précise le décret, qui évoque des "éléments crédibles" suggérant que l'opération pourrait menacer la sécurité nationale.
Cette décision met fin à la bataille entre les deux groupes depuis plusieurs mois sur un accord qui, à 117 milliards de dollars, aurait été le plus important du secteur et l'un des plus importants jamais réalisés.
Sans surprise, Broadcom a déclaré dans un communiqué laconique qu'il "n'est pas du tout d'accord avec le fait que (le) projet d'acquisition de Qualcomm soulève des problèmes de sécurité nationale". Le groupe a ajouté qu'il "revoit le décret présidentiel".
Broadcom, basée à Singapour, a annoncé lundi avoir décidé de retourner aux États-Unis à partir du 3 avril pour tenter d'apaiser les inquiétudes des autorités américaines.
Le CFIUS, un organisme multi-agences, est chargé de décider si une fusion ou une acquisition menace les intérêts de sécurité du pays.
Précédent
Donald Trump s'était déjà opposé l'an dernier, sur la base des recommandations du CFIUS, au rachat du fabricant américain de microprocesseurs Lattice par un groupe étatique chinois adossé à un fonds d'investissement américain.
Toujours dans le secteur des microprocesseurs, cette organisation a également recommandé en 2016 à Barack Obama – le prédécesseur de Donald Trump – de s'opposer à l'opération entre le groupe allemand Aixtron et le fonds chinois Grand Chip en raison de la présence d'une filiale du groupe aux Etats-Unis.. L'opération a été abandonnée.
L'action Qualcomm a lourdement chuté sur le titre après l'annonce de cette décision, perdant près de 4,31% à 60,04$ dans les échanges électroniques après une séance à Wall Street vers 01H00 GMT (mardi). Broadcom a augmenté de 0,63 % à 264,50 $.
Dans une lettre rendue publique lundi par le Wall Street Journal et transmise dimanche aux deux groupes, le CFIUS a déjà fait part de ses réticences à l'égard de l'opération, accusant notamment Broadcom d'avoir "au moins trois fois" pris des initiatives concernant sa domiciliation en États-Unis sans en informer le CFIUS conformément à la loi.
Le CFIUS a interdit au groupe singapourien début mars toute démarche susceptible de précipiter une fusion.